Médoc - Estuaire de la Gironde - rive gauche - Août 2012

notre itinéraire

avec 75 km de long, jusqu'à 12 km de large et 635 km², l'estuaire de la Gironde est le plus vaste d'Europe, encore sauvage et préservé
avec 75 km de long, jusqu'à 12 km de large et 635 km², l'estuaire de la Gironde est le plus vaste d'Europe, encore sauvage et préservé

mardi 14 août

Départ de l'Hospitalet, direction Blanquefort au nord de Bordeaux.

Arrêt après Macau, au confluent de la Garonne et de la Dordogne qui deviennent Gironde. Dans les guinguettes au bord de l'eau on peut déguster des "bichettes" (petites crevettes blanches cuisinées à l'anis) et les poissons qui remontent l'estuaire, aidés par la marée : pibales (ou civelles), lamproie, anguilles et aloses.

Très convoitées par les gastronomes, les pibales (natives des Sargasses) ont dérivé pendant trois ans dans le Gulf Stream avant de s'engager dans l'estuaire puis dans les cours d'eau en amont d'où elles repartiront (après une quinzaine d'années) pour revenir frayer sur leur lieu de naissance !

En avril arrivent les lamproies (jusqu'à deux kg pour un mètre de long) qui s'y reproduisent et y séjournent de trois à cinq ans avant de reprendre le large.

En mai et juin vient le tour des aloses venues de la mer du Nord. Elles arrivent en grand nombre (donc peu chères, mais bourrées d'arêtes) pour aller se reproduire très en amont sur Dordogne et Garonne. Ce sont de grands poissons argentés de 50 à 70 cm de long que l'on prépare au four, le ventre bourré d'oseille, ce qui fait fondre les arêtes.

Arrêt repas au château d'Agassac. Nous voici sur la route des vins du Médoc, succession de châteaux prestigieux et leurs grands crus classés Haut Médoc jusqu'à St Estèphe.


La tradition locale raconte qu'une inscription latine trouvée dans les souterrains du château assigne à sa construction le XIIIème siècle. Toutefois, la légende ne dit pas si le premier des seigneurs connus, Gaillard de Gassac, était un amateur des produits de la treille.

La vigne apprécie d'avoir la tête au soleil et les pieds dans l'eau : sous sol baigné par les infiltrations de la Gironde, presque tous les grands châteaux en restent à distance respectueuse (au moins 1 km). Les terrasses alluviales, caillouteuses et sêches, favorisent un enracinement profond et concentrent lumière et chaleur, créant des conditions exeptionnelles de maturation des ceps.

passage à Siran
passage à Siran
les diverses couleurs de la Gironde
les diverses couleurs de la Gironde
chateau Margaux, conçu par Combes, architecte du Grand Théâtre de Bordeaux
chateau Margaux, conçu par Combes, architecte du Grand Théâtre de Bordeaux

Il parait (dixit le guide touristique) qu(un crochet s'impose pour visiter le musée du château Maucaillou à Moulis en Médoc.

Ce château, bâti en 1875, occupe, en plein coeur du Médoc, une situation privilégiée entre Margaux et Saint-Julien.

Le musée des Arts et Métiers de la Vigne et du Vin propose aux visiteurs un inventaire (quasi) complet allant du cep de vigne jusqu'à la dégustation des vins, en passant par les travaux de la vigne et de la cave. Il montre aussi les métiers annexes directement rattachés à la vie du vin, tels l'oenologie, la fabrication des barriques, des bouchons, du verre... On a même droit à une vidéo très "amateur" où différents membres de la famille Dourthe (maitre des lieux) expliquent le travail de la vigne et l'élevage du vin ainsi que leur fonction au sein de cette entreprise familiale...

La visite du musée s'achève par une dégustation qui nous laisse pantois: le vin proposé, censé être le meilleur, ressemble trop à une infâme piquette !!!

On rapporte quand même un souvenir : pour 7€, prix de l'entrée, on nous offre un verre gravé aux armes du château...

sulfateuse - enjambeuse pour traiter la vigne à la bouillie bordelaise pour combattre le mildiou (~1920)
sulfateuse - enjambeuse pour traiter la vigne à la bouillie bordelaise pour combattre le mildiou (~1920)
moule à bouteille manuel
moule à bouteille manuel
atelier de tonnellerie
atelier de tonnellerie

arrache cep
arrache cep

Nous terminons la journée par la visite de Fort Médoc (3€), inutile forteresse du verrou de l'Estuaire.

Au XViième siècle, Louis XVI demande à Vauban d'améliorer les fortifications existantes de la Citadelle de Blaye pour protéger Bordeaux, située en amont de l'estuaire de la Gironde, sur la Garonne. Comme la portée des canons de l'époque ne permet pas de couvrir les 3 km de large du fleuve et bloquer le passage de l'ennemi vers la grande ville, Vauban construit alors deux autres forts.

Grâce à Fort Paté, à Fort Médoc et à l'amélioration des fortifications de la citadelle de Blaye, Vauban obtient des tirs croisés et empêche l'ennemi de se rendre jusqu'à Bordeaux. Le Verrou de l'estuaire est né. Il ne servira jamais !

Etabli dans une zone marécageuse, sur la rive gauche de la Gironde, Face au Fort Pâté, le Fort Médoc est l'un des éléments composant le fameux triptyque de l'estuaire. Il devait interdire le passage de la Gironde entre l'île située devant Blaye et Cussac en Médoc. La construction est terminée en 1690. Pour empêcher que le fort soit pris à revers par un simple débarquement, il est nécessaire d'ériger un bâtiment capable de résister à une offensive. Le fort, de forme carrée, axé perpendiculairement à la rive, se compose de quatre bastions reliés par des cortines. Une demi-lune défend l'imposante Porte Royale du côté opposé à l'estuaire. Ce vaste ensemble est protégé grâce à un fossé inondable par des écluses, un chemin couvert, puis un avant fossé.

A l'intérieur de la place sont érigés deux lignes de casernement, un bâtiment pour le Major, une chapelle, une boulangerie et un magasin à poudre. 300 soldats peuvent loger dans ces locaux.

Le rôle militaire de Fort Médoc est tout à fait négligeable. Il ne subit en effet aucune attaque.

la Porte Royale
la Porte Royale
la Porte Royale
la Porte Royale
corps de garde de la Gironde côté Gironde
corps de garde de la Gironde côté Gironde
le magasin à poudre
le magasin à poudre

caserne nord
caserne nord
la chapelle
la chapelle
la boulangerie
la boulangerie
corps de garde de la Gironde
corps de garde de la Gironde

Le Fort Pâté, sur son île... vu depuis le Fort Médoc

 

Nous passons la nuit devant le portail du domaine du moulin Rouge (FP) à Cussac... avec l'autorisation du propriétaire joint par téléphone et actuellement en vacances...

Quelques gouttes de pluie rafraîchissent un eu cette fin de journée de grosse chaleur.

mercredi 15 août

En longeant la Gironde, nous parvenons à Pauillac, avec sa façade XVIIIème sur le port. C'est un ensemble architectural unique. Ici, on était vigneron, négociant ou marin.

La ville est célèbre pour ses 18 grands crus classés, dont les châteaux Latour, Lafite-Rotschild et Mouton-Rotschild.

En 1777, fuyant les troupes du roi, c'est depuis Pauillac que La Fayette quitte la France pour rejoindre les Amériques. Là-bas, son rôle sera décisif dans la victoire de la guerre d'Indépendance des Etats-Unis. Un monument commémore ce départ sur le port de plaisance...

C'est à Pauillac par la mer depuis toute l'Europe qu'arrivent les pièces du plus gros porteur du monde, l'A380, pour y être acheminées par voies fluviale et terrestre jusqu'à l'usine d'assemblage final à Toulouse.


 

 

nous continuons de longer la Gironde, ses installations pétrolières et ses "carrelets" avec vue sur les installations portuaires du nord de Blaye.

De St Estèphe, petit crochet au sud pour photographier le Château Cos d'Estournel aux allures de pagode (XIXème siècle) orné de palmiers... A l'époque, le propriétaire avait accompli de nombreux voyages dans l'Océan Indien...


la porte sculptée de l'entrée principale vient du palais du Sultan de Zanzibar
la porte sculptée de l'entrée principale vient du palais du Sultan de Zanzibar

vigne en période de veraison
vigne en période de veraison

 

 

 

Après de vaines recherches des châteaux Rotschild (Lafite et Mouton), nous continuons jusqu'à Vertheuil, à l'ouest...

C'est sans doute un des villages les plus remarquable du Médoc. Situé sur un plateau de vignes, on y découvre les restes d'une forteresse, le village autour d'une imposante abbaye...

Le château fort avec donjon barlong du XIème siècle et porte du XIVème siècle. C'est le plus vieux donjon de la région. Ce château ne se visite pas

Fondée au XIème siècle par Guillaume VIII d'Aquitaine, l'abbaye de Vertheuil abritait au XIIème siècle une communauté de chanoines soumis à l'ordre de Saint Augustin. Plusieurs fois dévastée (guerre de cent ans, guerres de religions...), elle fut reconstruite au XVIIIème siècle puis vendue comme bien national en 1792.

L'église St Pierre (XI-XIIème siècles) constitue un bel exemple d'art roman influencé par la Saintonge et le Poitou : déambulatoire, clocher octognal, décor sculpté de grande qualité...


pierre de réemploi ?
pierre de réemploi ?
Fonts baptismaux, taillés dans une unique pierre, faisant probablement  partie du lest d'un navire anglais
Fonts baptismaux, taillés dans une unique pierre, faisant probablement partie du lest d'un navire anglais

remaniements...
remaniements...
les culots sculptés nous montent, levant ses jupes, une femme qui serait la représentation d'une déesse-mère celte, symbole de fécondité. Autour d'elle, des scènes où des hommes s'accouplent avec des bêtes, tandis que d'autres s'adonnent à la paresse...
les culots sculptés nous montent, levant ses jupes, une femme qui serait la représentation d'une déesse-mère celte, symbole de fécondité. Autour d'elle, des scènes où des hommes s'accouplent avec des bêtes, tandis que d'autres s'adonnent à la paresse...
tribune de pierre dont la fonction reste encore un mystère... tribune d'orgue, chaire à prêcher ???
tribune de pierre dont la fonction reste encore un mystère... tribune d'orgue, chaire à prêcher ???

 

 

 

 

 

Nous retournons au bord de la Gironde au port de la Maréchale. Nous avons donc quitté le Haut Médoc, mais à partir de St Christoly-Médoc, les vignes occupent à nouveau le terrain.

arrêt suivant au phare Richard. Construit en 1843, mesurant 18m, il abrite maintenant un musée sur la vie "estuarienne" depuis le XIXème siècle, l'ostréiculture, la pêche et les bouées.

Feu de Saint-Rémy

Cette structure est un ancien feu de balisage du chenal de grande navigation de l'estuaire de la Gironde.

Il se trouvait à terre, au Bec d'Ambès, en un lieu où le chenal longe la côte, sur la rive droite de la Garonne, c'était un feu babord rouge.


juste à côté, un carrelet à l'entrée bien protégée
juste à côté, un carrelet à l'entrée bien protégée

Sa construction remonte aux environs de 1860.

La lanterne renfermait un appareil d'éclairage au pétrole.

La lampe était allumée à l'intérieur de la cabane, placée dans la lanterne, puis hissée au sommet de la construction.

La lanterne était pourvue d'oreilles qui s'engageaient sur les deux tringles directrices.

Ces types de feu ont été par la suite électrifiés et par là même, profondément modifiés. Ce feu était désaffecté et abandonné depuis environ 40 ans.


Nous poursuivons au nord jusqu'à la pointe de Grave où nous assitons à l'arrivée du bac de Royan

et vue (lointaine) sur le phare de Cordouan
et vue (lointaine) sur le phare de Cordouan

Cet ilot isolé avait déjà porté des constructions de guidage des bateaux dès le Haut Moyen Age; des ermites en étaient les gardiens. Pour sécuriser le trafic maritime avec l'Angleterre, le Prince Noir, souverain de Guyenne, y fait bâtir une tour de 16m où un feu de signalisation peut être entretenu.

En 1852, le roi Henry III passe commande d'un nouveau monument à Louis de Foix. Celui-ci réalise une prouesse technique et esthétique : 66m de haut, 8 niveaux dont les quatre inférieurs sont un véritable petit palais (colonnes, sculptures et bas-reliefs). Le phare de Cordouan sera qualifié de huitième merveille du monde.

Dommage que le montant demandé pour la visite soit si élevé...

 

Nous roulons maintenant le long de l'Océan jusqu'à Soulac sur Mer. La force des vagues et du vent fait reculer la côte de plus de 30m par an à certains endroits : les derniers blockhaus du Mur de l'Atlantique sont redevenus poussière, rouille et gravier...

 

Le port antique de Noviomagus, où aurait abordé Ste Vérinique après la mort de la Vièrge, aurait été englouti par une tempête au VIème siècle. Ses vestiges reposeraient sur un haut-fond au large.

Seule agglomération ancienne de toute la côte atlantique, Soulac s'est développé autour d'une abbaye (en 1000) et d'un port où débarquaient au XIIème siècle les pèlerins britanniques en chemin pour St Jacques de Compostelle.

le site etant progressivement envahi par les sables (en 1740 seul le clocher de la basilique émergeait de la dune, servant d'amer aux navires), le "jeune" Soulac s'était replié à 3 km vers l'intérieur. Vers 1860 furent entrepris des travaux de déblaiement favorisés par l'action du vent qui, pour cette période, se mit à souffler dans la bonne direction.

A la même époque, grâce à l'ouverture de la ligne ferroviaire Bordeaux - Soulac, la ville devint une station balnéaire en vogue, plus calme qu'Arcachon. La basilique de Notre Dame de la Fin des Terres, récemment rouverte au culte, attirait de nombreux pèlerins.


le seuil moderne marque, à peu près, le niveau du remblai du XIVème siècle établi à 5,30m au dessus du sol roman primitif, et il existait, entre ce dernier et le sol de l'abside gothique, une différence de niveau d'environ 2,50m. Le sol moderne fixé lors du désensablement de 1860 se trouve à 3,60m au dessus du sol roman du XIème siècle.


Soulac est aussi le point de départ d'une piste cyclable jusqu'à Arcachon, héritage de la dernière guerre quand l'armée allemande décida de relier les ddifférents bunkers du Mur de l'Atlantique.

 

Quant à nous, c'est en camping car que nous rallions l'Amélie sur Mer qui doit son nom à un navire qui s'y échoua.

Cette côte est aussi un redoutable piège à bateaux.



Nous regagnons l'intérieur des terres jusqu'à Vensac (prononcez Vinsac!) et son moulin à vent à l'histoire mouvementée : construit au XVIIème siècle, il fut entièrement démonté, déplacé de 2 km et rebâti sur son site actuel en 1858 pour une affaire de dot de mariage.


Abandonné de 1939 à 1982, il a été remis en état de marche par les descendants du dernier meunier. Il a les mêmes carctéristiques qu'au XIXème siècle.

Il est constitué d'une tour en pierre, surmontée d'un toit conique recouvert de planches en pin goudronnées.

Pour que le moulin fonctionne, le meunier oriente les ailes face au vent grâce à un cabestan qui exerce une traction sur la queue ou guivre, et provoque la rotation du toit.

Au rez de chaussée, une courroie à godets prend le grain et le monte jusqu'aux meules de pierre situées 6 m plus haut.

à l'étage supérieur, le grain écrasé (mouture) est recueilli autour des meules dans un coffre en bois avant de s'écouler jusqu'à la farinière, située au rez de chaussée. Là, la mouture est transportée par une vis sans fin jusqu'au tamis où l'écorce du grain est séparée de la farine par un tamis long de 4 m et muni d'une toile très fine. Les particules les plus fines tombent en premier (la farine), le son parcourt le tamis jusqu'au bout. Cette bluterie est située à l'extérieur du moulin.

Ce moulin produit de la farine, soit avec le vent, soit avec un moteur auxiliaire, autrefois, une machine à vapeur (locomobile), maintenant avec un tracteur agricole.

le cabestan
le cabestan
la guivre
la guivre
l'arrivée du grain
l'arrivée du grain

arrivée de la courroie à godets
arrivée de la courroie à godets
engrenages
engrenages
le tamis
le tamis

Nous passons la nuit au FP de Gaillan en Médoc où le viticulteur nous décortique l'arnaque (selon lui) de l'appellation "crus bourgeois".

jeudi 16 août

Matinée à Lesparre de Médoc où nous effectuons quelques courses.

L'église Notre Dame (XIXème siècle) est hélas fermée.


Alors nous allons visiter le Tour d'Honneur, musée de vieux outils et instruments du Médoc.



 

 

 

 

patins à vase, pour la pêche à pieds

 

 

 

C'est écrit dessus...

c'est une bournaque, ruche en forme de cône fait de barnches d'osier et de châtaigner enduit de bouse de vache mélangée à de la chaux. Cela constitue un feutre imperméable qui maintient une température régulière à l'intérieur de la ruche.

Comme les meuniers, les boulangers ont plutôt mauvaise réputation. Ils sont accusés de la chute du pain et de diverses tromperies sur la marchandise. Pourtant, et peut être plus que d'autres activités vivrières, la boulangerie fait l'objet d'une surveillance permanente : contrôle pour la qualité, la fraîcheur, le poids, le prix.

Afin d'éviter tout trafic, le boulanger n'est pas maître de son approvisionnement en blé et a interdiction d'exercer les professions de marchand de blé ou de farines. Il est obligé d'acheter son grain au marché de la ville; ses achats sont limités en quantité pour éviter toute spéculation. Il lui est absolument interdit de stocker les grains.

Les marges bénéficiaires sont fixées, de manière très précise, par les statuts.


Ensuite, accessoires de plage en bandoulière, nous voilà à Hourtin...

Raté pour la baignade espérée... le drapeau est rouge...

Nous allons prendre notre douche à l'ombre des pins près de pistes cyclables, après Montalivet.

Nous arrivons au domaine de la Hutte de Grayan l'Hopital vers 17h00. Plus tard, Dominique et Paul nous emmenent admirer le coucher de soleil sur l'océan à la plage du Gurp.


vendredi 17 août

retour à l'Hospitalet