Mars 2012 - Luberon - Gorges du Verdon

exemple des ravages dûs aux musaraignes...
exemple des ravages dûs aux musaraignes...

 

 

mardi 20 mars

Journée entièrement consacrée au nettoyage du camping car après l'invasion hivernale des musaraignes.

A 15h00 nous nous pensions au bout de nos peines quand Bruno songe à jeter un oeil au lit au dessus de la cabine... gagné !!! c'est noir de crottes...

 

 

mercredi 21 mars

Nous pensions partir en cours de matinée mais Bruno (encore lui !!!) a l'idée de vérifier les rideaux de la cabine ... rebelote... côté conducteur, l'embrasse est grignotée et le rideau lâche des crottes quand on le secoue...

Nous partons enfin à 15h00. Beaurepaire, Hauterives, St Vallier, Valence, Loriol... et nous commençons à chercher un boulanger... Les quatre boutiques de Saulce sur Rhône sont fermées ! Nous trouvons notre bonheur à Montélimar - sud.

Puis sur la N7, nous trouvons un magasin de "surplus militaires" où nous achetons 2 boîtes à munitions métalliques pour préserver des rongeurs notre stock de nourriture...

Au FP de Piolenc, le viticulteur nous offre une bouteille de rosé de son cru et quand Bruno va lui chercher un Bardins blanc, il rajoute un rouge du massif d'Uchaux... Quel accueil !


jeudi 22 mars

Nous remontons de quelques kilomètres au nord pour aller visiter Mornas. Une jolie grimpette (la forteresse est perchée sur une falaise haute de 137 mètres) dès le matin sous un ciel parfaitement bleu. Evidemment, elle n'ouvre qu'à 11h00... Du sommet des remparts sont visibles : le Mont-Ventoux, les dentelles de Montmirail et la vallée du Rhône...




 

 

 

 

Nous repartons pour Orange et trouvons un stationnement sur un parking bien accueillant près de l'Arc de Triomphe... sauf qu'un panneau "Interdit de circuler le jeudi de 0h00 à 13h00" en décore l'entrée... Renseignements pris aupris d'autres dames qui y stationnent aussi... celle qui s'y gare tous les jeudis (jour du marché en ville) n'a même jamais remarqué ce panneau...


Edifié sur la voie d'Agripa, à l'extérieur des remparts antiques, entre 30 av JC et 20 ap JC, l'arc symbolise la puissance de Rome. Il annonçait Arausio, "cité de droit romain", fondée par les Vétérans de la Seconde Légion Gallique, en 35 av JC. Connu au Moyen Age comme "la forteresse ou la maison de l'arc", il est réutilisé comme poste avancé de défense, rehaussé, muni de créneaux et entouré d'un fossé. Des appartements, destinés à recevoir le prince, y sont aménagés. Chaque année, en mai, la compagnie des arbalétriers y organisait un concours pour désigner le meilleur tireur. Réussir à atteindre le papegai, un oiseau de bois ou de métal juché au sommet de l'arc, donnait droit au titre de "roi de l'oiseau". Le vainqueur de 1616, le prince Philippe Guillaume, est porté en triomphe à travers la ville...

L'édifice mesure quand même aujourd'hui 19,57m de long, 19,21m de haut et 8,40m de large.


il ne faut guère de temps pour rallier le théâtre antique...

Edifié au début de l'ère chrétienne, le Théâtre Antique d'Orange est le "théâtre de pierre" le mieux conservé du monde romain occidental. Comme au temps de l'Antiquité, cet édifice peut encore accueillir plus de 9 000 personnes par spectacle. Ce bâtiment s'intégrait parfaitement dans la trame urbaine romaine car son mur de 103 m de long et de 37 m de haut correspondait au module utilisé pour la dimension de la ville antique.

le mur extérieur
le mur extérieur

le mur du fond de scène
le mur du fond de scène


déambulatoire
déambulatoire

Des fouilles organisées dans l'hémicycle à côté du théâtre dégagèrent le soubassement d'un temple et de son autel.

Ce temple périptère, orné de huit colonnes en façade, fut probablement érigé au IIème siècle ap JC et dédié au culte de l'Empereur. Il s'ouvrait au nord et se terminait par une abside au sud. Le podium, soubassement du temple, n'était pas massif mais comprenait plusieurs salles voutées, au dessus desquelles s'érigeait la cela, la chambre de la divinité.

Le temple s'élevait sur un grand dallage de pierres qui fut très vraisemblablement construit pour masquer les vestiges de monuments antiques, arasés en partie au Ier siècle de notre ère et dont la fonction demeure incertaine : nymphée monumental (fontaine ornée de sculptures et jeux d'eau) ou édifice religieux.


En route vers Carpentras, Pennes les Fontaines puis Venasque d'où le panorama donne sur le Ventoux.

la croix double face
la croix double face

Puis montée jusqu'au col de Mars (625m) sur le plateau du Vaucluse et descente sur Roussillon, le plus "ocré" des villages du Luberon


Il y a 230 millions d'années, la Provence est recouverte par la mer et le restera pendant une très longue période.

Plusieurs milliers de mètres de sédiments arrachés aux continents alentour s'accumulent au fond des eaux. Il formeront par la suite les calcaires blancs si caractéristiques de ce pays : mont Ventoux, Luberon, Sainte Victoire, canyon du Verdon, calanques....

Vers -110 millions d'années, la mer s'approfondit. Les sédiments qui se déposent au fond des eaux sont des argiles grises (terrains aptiens) qui viennent recouvrir les calcaires.

Puis ce bassin étant preque comblé, c'est dans des eaux peu profondes et agitées par des courants que vont se déposer, au dessus des argiles, des sables de couleur verte (c'est la glauconie, petits grains minéraux verts qui leur confère leur couleur).

Se produit alors en Provence, aux alentours de -100 millions d'années, un bouleversement important. Après cette longue période de vie marine, à la suite de mouvements du sol, la Provence se retrouve hors de l'eau.

A cette époque, le climat y est tropical. Des pluies diluviennes lessivent les sables verts fraîchement émergés du nouveau continent, les transformant lentement en sables ocreux, puis en sables blancs, par étapes successives :

  • dissolution, par les eaux de pluie qui circulent en profondeur, de tous les éléments constituant le sable vert, excepté le sable lui même très résistant
  • cristallisation à partir de cette "solution" d'autres minéraux (kaolinite et goethite) qui remplissent les vides entre les grains de sable. C'est la naissance des sables ocreux.
  • le lessivage qui se poursuit sur ces sables ocreux évacue l'oxyde de fer qui les colore. restent en place les sables blancs.

L'ocre est une poudre naturellement jaune qui peut devenir rouge après oxydation. Sa palette varie donc du jaune pâle au rouge en passant par les orangés. Elle s'extrait par décantation d'un minerai siliceux dont les poussières les plus fines constituent un kaolin (argile) chargé naturellement en oxyde de fer, qui donne sa couleur. C'est un pigment naturel, non toxique pour la peau, extrait dans de nombreuses régions autrefois et désormais exploité en France, en Bourgogne et en Provence. Il sert principalement aujourd'hui à colorer les peintures et les enduits.


petit cours de biogéographie...

Le massif du Luberon a surgi durant l'ère tertiaire. Très érodé, il s'étend d'ouest en est sur 60 km et culmine à 1125m (Mourre Nègre = Tête noire)

Ample anticlinal calcaire, il comprend à l'ouest le Petit Luberon au plateau sommital calcaire bordé de falaises et le Grand Luberon à l'est au versant nord abrupt et au flanc sud bordé de petites collines. Formé de plus de 600 m de calcaires plus ou moins marneux assez tendres, son relief est doucement arrondi.

Le massif est bordé au sud par la vallée de la Durance remplie de sédiments de calcaires molasses, safres et cailloutis) et au nord par la vallée du Calavon (synclinal d'Apt, en marnes grises et sables ocreux) qui le sépare des monts du Vaucluse un peu plus élevés.

Le climat est méditerranéen à gelées tardives, mais l'adret y reçoit 8 à 10 fois plus d'énergie solaire que l'ubac. Au soleil dominent chênes verts et pins d'Alep. A l'ombre poussent les chênes blancs, sorbiers, érables... Le Mistral peut atteindre 260 kkm/h sur les sommets. Il résulte de tout cela une luminosité remarquable (observatoire de Haute Provence)

Les zones agricoles sont établies dans les plaines et sur les plateaux. La vallée d'Apt se répartit entre vergers irrigués de la plaine et vignobles AOC sur les coteaux.

La Durance était autrefois un fleuve dont le delta a formé la plaine de la Crau (accumulation de galets charriés des Alpes). Son cors s'en est trouvé dévié pour devenir affluent du Rhône au sud d'Avignon. Ses crus dévastatrices, aujourd'hui maîtrisées par de nombreux barrages, à la fonte des neiges, ontmodelé un lit naturel pouvant atteindre 1 km de large par endroit.

Sa vallée alluviale au potentiel agricole considérable et ancienne voie de communication avec les Alpes a été le principal axe de dévelopement économique de la région.

Quant au Calavon, ce sont les pluies abondantes d'automne qui peuvent lui donner un débit torrentiel considérable. En 1994, ses crues ont causé d'important dégâts matériels.


Il est tard, nous rejoignons Joucas pour profiter de l'aire du domaine de la Tuilière où habite un viticulteur FP.

 

vendredi 23 mars

Qu'oyons nous? Des bruits de pattes de souris ?... mais non, ce n'est que la pluie...

Arrivés à Gordes, il fait sec. Nous apprenons à l'OT que les parkings sont redevenus payants depuis le 12 mars... nous allons vite déplacer le cc vers l'aire derrière la gendarmerie qui n'est payante que la nuit.


quelques mots d'histoire...


Les traces de la présence de l'homme sur le rocher remontent au néolithique. Attirés par les avantages stratégiques de ce nid d'aigle, les Romains y installent un oppidum. Dès le XIème siècle, le village se développe autour d'un château fort, les populations se regroupent, c'est la naissance des villages perchés du Luberon. 

Au Moyen Age et à la Renaissance, Gordes vit des périodes troublées (pillage de la région par les troupes de Raymond de Turenne, puis guerres des religions). On élève alors des remparts (XIVème siècle), dont seuls subsistent  quelques vestiges, et le château prend des allures de forteresse.

Au XVIIème et XIXème siècle, Gordes connaît des années florissantes grâce à de petites industries : ateliers de cordonnerie, tanneries, sériciculture, fabrication d'huile d'olive, cardage de la laine... La population est dense et les belles maisons du vieux village témoignent de cette époque durant laquelle certaines activités artisanales engendrent des richesses et donnent du travail à une population villageoise somme toute misérable. Après le tremblement de terre de 1909 et les bombardement allemands de 1944, l'exode rural menace le village de disparition.


 

Vers 1031, le château n'était qu'une simple construction défensive, construite en pierre. De cet ensemble primitif, édifié au Moyen Age par la famille Simiane d'Agoult (qui régna sur Gordes pendant près de 700 ans), ne reste que quelques vestiges sur lesquels a été construit le monument actuel.

 

Au XIIème siècle, il est devenu un puissant bâtiment. Puis, on augmenta, au XIVème siècle, la base primitive: il fallait se défendre contre les bandes organisées de brigands.

Enfin, au XVIème siècle, les Simianes construisirent un nouveau château, édifice quadrilatéral Renaissance avec une tour aux deux angles Nord, couronnées de terrasses et dominant le village et la vallée.

 

Les seigneurs de Gordes ne demeurèrent jamais au château. Aux XVIIème et XVIIème siècle, ils se contentèrent des revenus de la seigneurie et des produits acquittés par les fermiers. Cet abandon quasi perpetuel du château lui valut de servir de prison, de petite garnison et de gîte d'étape pour les troupes.

Lors de la révolution, il fut pris pour être attribué à la commune en 1811 qui, plus tard, y installa la mairie.


Pour finir, dans le château ont été installés au fil des ans poste, justice de paix, bégude (relais de poste), café, cantine scolaire, école de garçons, salle de projection, office du tourisme... Il a aussi abrité le musée Vasarely jusqu'en 1996 puis le musée Pol Mara (peintre flamand contemporain) jusqu'en 2011.

L'église Saint Firmin est à proximité.

Elle s'élève sur l'emplacemant d'une petite église romane aujourd'hui disparue. Ses dimensions sont imposantes mais elle est noyée au coeur de hautes et étroites maisons qui font la particularité du vieux village. Le clocher, dont la base appartient à l'église primitive, a du servir de tour de guet depuis laquelle on surveillait la plaine. A l'intérieur la décoration est riche en couleur. Dans la chapelle à gauche en rentrant on peut voir un tableau représentant St Crépin et Crépinien patrons des cordonniers, lesquels étaient regroupés en une importante corporation (il y eut jusqu'au 400 villageois travaillant dans la confection de chaussures au XIXème siècle). La fissure que l'on voit dans le choeur est due au tremblement de terre de 1909 qui secoua la région.

drôle d'endroit pour un escalier...
drôle d'endroit pour un escalier...


 

Nous roulons ensuite vers l'abbaye de Senanque mais l'heure de la visite est passée... de peu mais pas pour tout le monde...

il est vrai que la présence des moines et leurs activités obligent à un respect rigoureux des horaires, mais le couple qui nous suit et dont l'homme est aveugle n'est manifestement pas soumis aux mêmes exigeances...


L'Abbaye de Senanque est un monasrère cistercien (~1150). Sa fondation s'inscrit dans l'esprit réformateur de Cîteaux; c'est un retour sévère à la règle de St Benoît et donc une grande austérité dans sa conception et sa décoration. L'ensemble des toits est couvert de pierres de taille.

le cloître (XIIème s)
le cloître (XIIème s)
le chauffoir
le chauffoir
le dortoir
le dortoir

Nous nous rendons ensuite au village des Bories.

Ce village forme un superbe groupement de bories, réparties en cinq groupes disposés autour de courettes et du four à pain. Chaque groupe constituait un espace d'habitation avec ses dépendances. Cet ensemble authentique a été abandonné il y a 150 ans et restauré à partir de 1969.

Ce village abrite une très rare borie du XVIIIème siècle conçue comme une maison d'habitation d'un étage, avec même une fenêtre!

Le parking pour les cc est à 1,2km du village... Il semble que ce soient des km à rallonge. On a failli rebrousser chemin... et juste à ce moment là, un panneau (enfin!) nous donnait environ encore 150 m à parcourir!

Depuis l'Antiquité, les paysans ont aménagé les versants arides et rocailleux en construisant des terrasses de culture (restanques) bordées de murets de pierre sèches sans mortier.

 

 


La technique est délicate: il faut évaluer la stabilité du terrain, trier et choisir les pierres (lauzes), effectuer un bon drainage derrière la construction...

Les murs de clôture sont surmontés d'un faîtage de blocs plats dressés les uns contre les autres.

Les voutes des bories sont construites par encorbellements successifs de lauzes (sans utilisation de cintres en bois). Leur stabilité est assurée par un tas de charge: la poussée est compensée par de puissants contreforts latéraux ou un évasement de la base du mur.

L'origine des bories, à Gordes, remonterait aux Ligures qui peuplaient la région plusieurs siècles avant notre ère. Les bories, que l'on appelle aussi familièrement dans le pays "cabanes gauloises", sont bâties en pierres sèches, c'est à dire sans mortier, selon le principe de la fausse voûte en encorbellement et inclinées vers l'extérieur afin de favoriser le ruissellement de la pluie et d'assurer l'étanchéité.

Le puits le plus proche, de petite dimension, aulourd'hui tari et inaccessible, est situé à quelque cent mètres du centre du village.

Le village nous apparait tel qu'il s'élevait lorsque ses dreniers habitants l'abandonnèrent au début du XIXème siècle.


bergerie
bergerie

cuve à vin !
cuve à vin !

 

 

Les murets des terrasses sont percés de passages, d'escaliers et même de niches destinées à recevoir des ruches ! Cet ingénieux système permettait autrefois de libérer les terres à cultiver mais aussi de profiter des premiers rayons chauds du soleil emmagasinés par les pierres pour lancer plus tôt l'activité de la ruche.

Installés en restanques, les oliviers sont mieux protégés du gel, d'autant qu'ils se contentent d'un sol peu fertile et caillouteux. Jadis, on cultivait aussi de cette façon les amandiers et les légumes tels pois chiches, lentilles, haricots...


plafond
plafond

Le mur de la Peste

En mai 1720, une épidémie de peste, amenée par un bateau venant du Levant, "le Grand St Antoine", se déclare à Marseille et s'étend en Provence; lorsqu'elle atteint Apt en septembre, une ligne sanitaire est installée entre la Provence et le Comtat Venaissin. La configuration des Monts du Vaucluse rend difficile le contrôle et en février 1721, le vice-légat du pape ordonna la construction de cette muraille en pierres sèches entre le col de Lagnas (près de Monieux) et Bourbourin (entre Lannes et Cabrière) pour protéger le Comtat Venaissin. Conçu pour faire deux mètres de haut, le mur de 27 km est ponctué de constructions plantées à intervalles réguliers: guérites semi-circulaires, corps de garde, enclos pour entreposer des vivres....



 

Nous arrivons à Fontaine de Vaucluse précédés par quelques Porsche et autres voitures de rallye...

Le parking cc est à la sortie du village (3,50 euros).

Une colonne de granite, dédiée à Pétrarque (1304-1374), qui séjourna ici de 1337 à 1353, fut édifiée face au goufre de la Fontaine en 1804 pour le 5ème centenaire de la naissance de Pétrarque. Elle fut transférée au centre du village en 1827.

Nous marchons vers la source en empruntant des "galeries" marchandes et traversons le moulin à papier.



Ruines d'un château
Ruines d'un château

le Vaucluse
le Vaucluse
son apparition à l'air libre
son apparition à l'air libre
cours souterrain
cours souterrain

 

 

 

Au fond du trou, la source....

 

mais parfois, le niveau est bien plus haut...

 

 

 

 

Frédéric Mistral lui a inventé une belle légende...


Puisque nous avons payé le stationnement, nous passons la nuit sur place...

 

La taille maximum a été atteinte pour ce sujet...

alors suite sur "Luberon - Gorges du Verdon du 24 au 25 mars 2012"!