Châteaux Cathares - Pyrénées

jeudi 30 juin


Faux départ d'Ornacieux à 14h15: Bruno réalise à Beaurepaire qu'il n'a pas pris ses papiers! donc, demi-tour, on recommence!

Passage quasi habituel au Creux de la Thine pour rattraper la N7, puis à Tain l'Hermitage pour traverser le Rhône.

Arrêt du soir au FP d'Alba la Romaine (viticulture), avant Aubenas.

 

 

vendredi 1er juillet

 

 

 

La route nous mène d'Aubenas à Langogne par la vallée de l'Ardèche et à midi nous sommes à Châteauneuf de Randon, accueillis par la statue de Duguesclin sur la place du village.

 

 

 

 

 

Nommé Connétable en 1370 par le roi Charles V, il est mort ici le 20 juillet 1380, alors qu'accablé par la chaleur il a bu l'eau trop fraîche de la fontaine. Il attendait alors la reddition des Anglais qui occupaient la citadelle. On leur cacha la congestion et l'agonie de Duguesclin... et c'est à un cadavre qu'ils remirent les clefs du site.


Croix de Mission (1840)  heu, peut être pas les néons!
Croix de Mission (1840) heu, peut être pas les néons!

Nous approchons des Gorges du Tarn... que nous aborderons dans le bon sens: rochers à gauche de la route!

Arrêt au belvédère du Pas de Souci
Arrêt au belvédère du Pas de Souci


les Détroits
les Détroits

Avant d'intégrer l'enfer, le diable habitait les gorges du Tarn. L'étymologie de la Malène, "trou du Malin", semble le rappeler. Avant le XIXe siècle, les hommes évitaient les gorges et personne alors n'en soupçonnait les attraits touristiques. Et vint Edouard-Alfred Martel (1859-1938), avocat défroqué, inventeur de la spéléologie, qui se passionne pour elles. Ses écrits mettent le canyon en lumière et contribuent à les populariser. Une route est ouverte en 1912 où, désormais, on se bouscule en été. Né au Mont Lozère à 1550m, le Tarn s'illustre avec brio entre Ispagnac et Le Rozier où il finit un parcours triomphal de 50 km entre les falaises dont il est l'artisan et qui séparent rive droite le causse de Sauveterre et rive gauche, le causse Méjean. Un travail d'érosion opiniâtre commencé voici 6 millions d'années sur des sédiments calcaires solubles. Au mieux de sa forme, le Tarn pouvait creuser de 1cm par an, s'insinuant entre de hautes parois ocres. Aujourd'hui, il a trouvé son rythme de croisière entre les "planiols", zone au débit calme, et les "ratches", ces quelques rapides dont les tourbillons ont généré les marmites de géants. A partir de Ste Enimie, l'étroitesse des gorges laisse à peine la place à la route et à quelques hameaux, une poignée de maisons calcaires nichées au pied des murailles (Saint Chély, Pougnadoires, château de la Caze, Hauterives, La Malène, domaine de la Croze). La faune aquatique ? essentiellement composée de kayakistes, de truites, de loutres et de castors récemment réintroduits. Dans le ciel, les vautours du causse Méjean et sur ses rives, le merle d'eau ou le farouche martin-pêcheur.


 

 

 

Village de La Malene (mauvais trou). Le rocher (peut être noirci au brou de noix) est témoin des incendies qui le ravagèrent pendant la Révolution.


Hauterive: le village sans accès routier
Hauterive: le village sans accès routier
approvisionné par un câble à treuil électrique
approvisionné par un câble à treuil électrique

arrivée de la benne au village
arrivée de la benne au village

Vues des gorges de la Jonte


 

 

 

Aperçu... du viaduc de Millau sur la route qui nous mène au FP de la Cavalerie.

samedi 2 juillet

Le GPS nous promène dans La Cavalerie... puis A75 jusqu'au nord de Béziers dont le contournement est bien fluide. Hélas, les feux tricolores de Coursan occasionnent une jolie 1/2 heure de bouchon. Nous atteignons Fontfroide pour le déjeuner.

L'abbaye de Fonfroide, fondée en 1093, devient cistercienne en 1145 et ne cesse de se développer jusqu'à la moitié du XIVe siècle. Elle joue un rôle prépondérant durant la croisade contre les Albigeois. Véritable cité monastique, miraculeusement préservée, elle a conservé son église abbatiale, son cloître et sa salle capitulaire du XIIe siècle, les bâtiments des frères convers et des aménagements du XVIIIe siècle.


le char d'Apollon
le char d'Apollon

Cloître: ses galeries sont voûtées d'ogives : celle qui jouxte l'église est la plus ancienne (milieu du 13e siècle). Celle qui lui est opposée a été remaniée au 17e s. Elles s'ouvrent par des arcades reposant sur de fines colonnettes de marbre décorées de chapiteaux à motifs végétaux et encadrées d'un arc de décharge. Les tympans s'ajourent d'oculi ou d'une rose. L'ensemble est d'une extrême élégance. Au dessus des galeries courent des toits en terrasse.

Eglise abbatiale: commencée au milieu du 12e siècle, elle est de proportions admirables; l'élégante simplicité cistercienne est rarement plus émouvante. La nef, en berceau brisé, est flanquée de collatéraux voûtés en quart de cercle; observer la base des piliers, rehaussée pour permettre la mise en place des stalles. Les chapelles méridionales sont une adjonction des 14e-15e. Dans la salle des Morts (13e) a été déposé un beau calvaire en pierre du 15e. Dans le transept gauche s'ouvre la tribune qui permettait aux pères malades d'assister aux offices.

Salle capitulaire: elle est couverte de neuf voûtes romanes disposées sur des croisées d'ogives décoratives reçues par de délicates colonnettes de marbre.

Dortoir des moines:il est situé au-dessus du cellier et couvert d'une belle voûte du 12e en berceau brisé. La cage d'escalier qu'il dessert est couverte d'une charpente de bois.

Cellier: belle salle, de la fin du 11e, séparée du cloître par une étroite ruelle, voûtée probablement du 17e siècle.



salle capitulaire
salle capitulaire
dortoir des convers
dortoir des convers

 

A 16h00, visite de notre premier château cathare à Villerouge-Termènes. Simon de Montfort s'en est emparé en 1210. Mais ayant sans doute trop de places fortes à assiéger, il le délaisse et y maintient son seigneur (Sicant de Villerouge).

N'ayant pas joué un grand rôle dans la tragédie albigeoise, le château s'est bien conservé.

Une balade dans le village nous mène vers l'église... fermée, puis à la terrasse d'un café (entre mairie et château). Aire de cc gratuite à Félines-Termenès, au lieu dit La Gare, pour ce soir. En soirée, le rideau de fer d'une cahute à l'entrée se lève et revèle un débit de boisson tenu par un couple manifestement retraité. Deux voitures de jeunes gens viennent s'y ravitailler, puis nos voisins du fourgon hollandais... puis plus rien!

Né vers 1280 à Cubières (Aude), Guilhem Bélibaste assassine vers 1305, dans une bagarre, Barthélémy Garnier, un berger de Villerouge-Termenès. Reconnu coupable, il fuit en abandonnant femme, enfant et biens. Il vécut de longues années en exil, notamment en Catalogne. Il fut condamné par l'Inquisition pour hérésie et moutut brûlé vif à Villerouge-Termenès en 1321 sur ordre de son seigneur l'Archevêque de Narbonne, Bernard de Farges, neveu de Clément V, premier Pape en Avignon.

Initié au catharisme, il devint Parfait, c'est à dire ministre de l'église cathare. Seuls les Parfaits pouvaient transmettre le "Consolament". Guilhem Bélibaste fut à son insu le dernier Parfait cathare connu. 

Dimanche 3 juillet

Incident technique... pendant que se remplit le réservoir d'eau, une mare s'étale sous le cc: il n'y a plus de bouchon à la mise à l'air du réservoir. Couteau en main, Bruno taille un morceau de bois qui fera l'affaire.

Nous arrivons à Termes à 10h00... une heure trop tôt, l'accueil au bas de la route du château n'ouvrira qu'à 11h00 exceptionnellement aujourd'hui! Mais le chemin est libre d'accès et donc nous montons gratuitement au château ... très ruiné! Restent surtout des éléments de l'enceinte.

un peu d'histoire: Tenu par Ramon de Termes, hérétique notoire, le château ne tomba au pouvoir de Simon de Montfort qu'à l'issue d'un siège de quatre mois, d'août à novembre 1210, le plus dur de la première période de la croisade des Albigeois. La garnison, exposée au tir de nombreuses machines et minée par la dysentrie, ne survécut pas à une tentative de sortie générale.

Après deux mois de siège, la garnison du château dirigée par Pierre-Roger de Cabaret commence à souffrir de la sècheresse tandis que les "croisés" manquent de pain et que certains d'entre eux, ayant terminé leur "quarantaine" obligatoire, quittent Montfort. La reddition est négociée mi-octobre... mais un énorme orage nocturne remplit les citernes avant quelle ne soit signée.

le château de Termes
le château de Termes

La canicule fait brusquement place à l'hiver et Monfort ne voit pas la fin de ce siège. Mais dans la nuit du 22 au 23 novembre, l'alerte est donnée... des fugitifs s'évadent du château. Les croisés les rattrapent, les massacrent... et découvrent que la dysentrie fait rage au château, l'eau des citernes ayant été contaminée par des rats morts. C'est la reddition; Raymond de Termes est emprisonné à Carcassonne, où il mourra trois ans plus tard. La chute de Termes entraîne celle de toutes les places des Corcbières. Le château est d'abord confié à un compagnon de Montfort, puis à son fils Amaury qui le cède à l'archevêque de Narbonne en 1224. Le roi de France y installe une garnison en 1228 puis il est abandonné.

Richelieu confie son démantèlement à un maçon de Limoux en 1653. Il y met beaucoup de zèle pour une facture de 14 922 livres et 10 sols!

la chapelle de Termes
la chapelle de Termes

 

 

Le château de Durfort tout proche se révèle pour nous inaccessible, la ferme installée au pied du piton rocheux indiquant très clairement "Propriété Privée".

C'est début août 1210 que Simon de Montfort s'en empara avant d'aller assiéger Termes. Victoire sans gloire vu le peu de résistance des seigneurs du lieu.

Rebâti sur ses ruines au XVIIe siècle, il fut saccagé à la Révolution.


Nous poursuivons vers l'ouest jusqu'à Arques. Grâce aux "passeports des sites cathares" acquis à Villerouge-Termenès, nous allons bénéficier de visites à prix réduit.

le donjon d'Arques
le donjon d'Arques

Pendant la croisade albigeoise Simon de Montford prend et pille Arques vers 1210. Il donne la seigneurie en récompense à son lieutenant, Pierre de Voisins. Mais c'est en 1280 que Gilles, son fils, commence la construction de château. Il sera terminé vers 1310, par son petit fils Gilles II. Le donjon est un chef-d'oeuvre de l'art gothique en architecture militaire.

 

Nous commençons par visiter la maison natale de Déodat Roché (1877-1978), historien du catharisme... le musée est intéressant...

 

A l'intérieur du château, une remarquable voûte gothique est posée sur des culs-de-lampe sculptés.




Continuant vers l'ouest, nous passons au pied des ruines du château de Coustaussa, puis nous nous dirigeons vers Rennes le Château, le domaine de l'Abbé Saunière... et son trésor! Nous y montons en petit train.

Nommé curé du village en 1885, François Béranger Saunière entreprend, en 1891, de restaurer l'église, à sa manière, avec des vitraux et des sculptures étranges, un diable de bénitier effrayant. Il aime aussi à recevoir, et pour cela, il construit une villa de style Renaissance, la villa Bethania. Au fond du jardin, il bâtit une tour pour sa bobliothèque, la tour Magdala, et un belvédère agrémenté d'une verrière. L'ensemble est étonnant, la vue sur la vallée majestueuse. Reste l'origine mystérieuse des fonds: l'abbé se voit accusé d'avoir détourné les deniers de l'Eglise, ce qui lui vaut d'être déchu de ses fonctions sacerdotales en 1915. Selon d'autres rumeurs, il aurait découvert un trésor: trésor de Jérusalem rapporté par un roi wisigoth, trésor des Templiers, trésor des Cathares ou celui de nobles enfuis pendant la Révolution.

Le châtelain de Coustaussa, ami de l'abbé Saunière, fut assassiné... Y a t'il un lien avec le trésor?

le Burgarach
le Burgarach
l'église
l'église



en chemin, on photographie de beaux châteaux

le Hautpoul
le Hautpoul
château de Couiza
château de Couiza

 

 

 

 

Village totalement piétonnier de 35 habitants qui accueille 2000 touristes par an... d'où floraison de commerces-souvenirs!

Nous partons vers le sud en longeant l'Aude et nous passons dans le défilé de Pierre-Lys. Creusé par l'Aude, sombre, étroit et long de 4 km, le defilé a été jusqu'en 1820 une infranchissable barrière naturelle. Seuls, de petits chemins de montagne permettaient de la contourner. En 1820, l'abbé Félix Armand, curé de Saint Martin de Lys entreprit de creuser à la pioche, en compagnie de ses paroissiens, un passage permettant de longer la rivière. En hommage au père Armand, le passage s'appele encore aujourd'hui le trou du Curé.


Lorsque nous arrivons à Puilaurens, l'orage gronde et donc l'accès au château est interdit. Nous découvrons par hasard à Pradelle une aire de cc en cours d'aménagement et avec une vue bien cadrée sur le château entre quelques épisodes pluvieux


les chicanes
les chicanes

lundi 4 juillet

Le début de matinée est aussi arrosé que le fut la nuit, sûrement pour fêter le permis de conduire qu'Alix vient d'obtenir!

Puis la pluie cesse et nous pouvons monter à Puilaurens. Le chemin d'accès en lacets avec 9 murets en chicane munis de meurtières pour protéger la montée par la face sud, seule possible.Ce château était l'ultime place forte française sur l'ancienne frontière qui séparait les royaumes de France et d'Aragon avant la signature du Traité des Pyrénées en 1659. Puissant verrou, il surveillait la plaine du Fenouillèdes perché en haut de son piton rocheux, surplombant les flots de la Boulzanne.

Refuge des cathares pendant quelques années comme les autres châteaux cathares de l'ancienne frontière, il s'en distingue par sa double enceinte jumelée. Le chemin de ronde, les hautes murailles crenelées et les quatre tours d'angle forment la silhouette incomparable de Puilaurens. L'une de ces tours, celle de la Dame Blanche, fait référence à Blanche de Bourbon, petite fille de Philippe le Bel, qui y aurait logé. Une légende locale prétend que son fantôme hanterait encore les lieux, les nuits de pleine lune.

On atteint la porte principale par une rampe en zig-zag coupées de chicanes aux meurtrières accueillantes!


La Dame Blanche, fantôme souriant flottant dans de grands voiles blancs... S'agit-il de Blanche de Bourbon, ou de la même "parfaite" cathare qu'à Puivert, ou d'Aude, la fiancée de Roland, ou...???

de tous les châteaux cathares, c'est le mieux conservé. Après la chute de Montségur, il deviendra, avec Quéribus, un des derniers refuges cathares
de tous les châteaux cathares, c'est le mieux conservé. Après la chute de Montségur, il deviendra, avec Quéribus, un des derniers refuges cathares

 

 

 

 

 

 

Le château, de nombreuses fois remanié, présente des éléments XIIIe siècle, jouxtants des "rajouts" du XVIIe.

Le donjon carré est la partie la plus ancienne avec des archères de XIIe siècle

nous reprenons la route. Le passage du train sur le viaducà la Pradelle nous a donné des idées. Nous voici à la gare TPCF d'Axat où le prochain départ aura lieu à 14h00. Le trajet nous mène d'Axat à la Pradelle, puis demi-tour.


Au départ d'Axat, le Train du Pays Cathare et du Fenouillèdes emprunte l'ancienne voie ferrée qui reliait Quillan à St Paul du Fenouillèdes. Un trajet d'une soixantaine de km menant des forêts audoises aux plaines viticoles du Roussillon. Confortablement installés dans des wagons, les voyageurs traversent des paysages d'exception, empruntant tunnels ou viaducs dans un décor à couper le souffle.

 

 

 

 

 

 

 

Nous reprenons la route par les gorges de Galamus.

Taillée dans la roche par des hommes suspendus à des cordes,

elle fut terminée en 1892 avec la construction du tunnel

Nous poursuivons vers l'est et voici Peyrepertuse.

Le temps d'y grimper et nous arrivons à la fin d'un spectacle de fauconnerie qui a eu lieu au milieu du site.

Au cours de la croisade contre les albigeois, Guillaume de Peyrepertuse, ne voulant pas faire sa soumission, est excommunié en 1224. Après l'échec du siège de Carcassonne, Guillaume se soumet et le château devient possession française en novembre 1240.Deux années plus tard, Saint Louis ordonne la réalisation de l'escalier qui porte son nom aujourd'hui.

Le château se dresse sur une crête calcaire à près de 800m d'altitude, au dessus de la garrigue et des vignes.


l'escalier Saint Louis
l'escalier Saint Louis


 

 

 

 

 

 

Nous redescendons vers Duilhac et tombons sur un nid de cc: aire gratuite avec vue sur le château!

En soirée, balade au belvédère de la poste du village. Coucher de soleil sympa

mardi 5 juillet


Ciel très bleu et bonne nouvelle: Juliette Simonin a son bac S!

Nous roulons vers Cucugnan, village bien connu pour le sermon de son curé, piège d'anthologie du folklore d'Oc (adaptation française par Alphonse Daudet). Et à 5 minutes de là, le château de Quéribus.

300m de grimpette, toute en escaliers et rafales de vent!

Le passage de la première grille de l'enceinte est un combat contre Eole!

C'est au sommet d'un massif échevelé que se dressent les ruines de la citadelle du vertige. A Quéribus, les ultimes résistants cathares ont combattu jusqu'en 1255, capitulant devant Simon de Monfort, onze ans après la fin du siège de Montségur. Après la victoire des armées royales, la forteresse de Quéribus est, géographiquement, le dernier point de défense de la frontière méridionale face au royaume d'Aragon.

Dans une salle sombre du donjon, nous distinguons une fleche n°19 nous invitant à la descente... on s'éclaire comme on peut avec le téléphone portable... le plafond est bas et les marches irrégulières. Tour ça pour atteindre un cul de sac sans grand intérêt!!!




Notre billet d'entrée à Quéribus est couplé avec un spectacle à Cucugnan (l'histoire du curé). Mais il est déjà 11h30 et nous ne sommes pas franchement tentés. Nous faisons la pause repas à l'ombre sur la place de la coopérative de Paizols.

 

Notre passage à Aguilar se résume à cette photo puisque la route est interdite aux cc... grrrrr!

 

 

Nous remontons jusqu'à Montredon des Corbières pour une visite rapide chez un concessionnaire cc ... et l'achat de produit à cassete WC

Halte pour visiter Minerve... sous un soleil de plomb.

L'eau est descendue du causse, a creusé sa trace au creux de la roche, son sillon profond, et depuis des millénaires, les canyons s'élargissent, se polissent, voient défiler tour à tour torrents et sécheresse, poissons et galets, oiseaux ou êtres humains, pacifiques ou casqués, parfois même armés jusqu'aux dents... Les premiers chasseurs se sont installés ici il y a 170 000 ans, puis ce fut la légion romaine qui y dressa probablement son campement. Au Xe siècle, la cicomté de Minerve s'est implantée là, inaccessible, sur un éperon rocheux au milieu des eaux, entre le Briant et la Cesse. Elle n'est plus reliée à la terre que par un mince pont de terre - en cas d'attaque elle peut être très isolée, à la fois vulnérable et protégée. Un certain 22 juillet 1210, l'armée des croisés prend Minerve après sept semaines de siège: plus de cent cinquante parfaits cathares sont alors condamnés au bûcher. On peut voir encore, au pied de la cité, le chemin couvert et le puits Saint-Rustique qui était censé les approvisionner en eau, les tours de défense et quelques créneaux de l'ancien château. Une malvoisine - ou trébuchet - a été reconstruite sur la falaise d'en face, et à force de l'entendre raconter , on finit par l'entendre, le cliquetis des armes et le crépitement des flammes...

il est prouvé que ce sont les Narbonnais qui ont poussé Simon de Montfort à attaquer Minerve (querelles à propos de récoltes? jalousies? vexations?)

Les croisés bénéficient donc de l'appui des troupes d'Aimery de Narbonne et de puissants renforts (Lorrains, Bretons, Français, Manceaux, Angevins, Frisons et mercenaires allemands...)

Et comme il est impossible d'entrer dans la ville, ils vont empêcher les habitants d'en sortir et bombarder en permanence les maisons et les fortifications


 

 

Nous descendons dans le lit (à sec) de la rivière pour voir les ponts naturels et la catapulte "malvoisine": cette pierrière envoyait des tonnes de rochers sur l'escalier menant au puits qui alimentait la cité. Après quinze jours de siège, Minerve manquait d'eau. La nuit du 27 juin 1210, Guillaume de Minerve et une dizaine de ses lieutenants tentent d'incendier la catapulte. Mais l'alerte est donnée chez les croisés avant que le feu n'ait créé trop de dommages. Deux jours plus tard, les tirs reprennent de plus belle et Guillaume de Minerve capitule le 22 juillet.


La Colombe

(oeuvre de J-L Séverac, créée en 1982)

Stèle commémorative du bûcher où périrent, en 1210, 140 (ou 150) parfaits cahares.

On suppose que le bûcher a eu lieu dans le confluent des rivières.

 

 

Ensuite, nous gagnons un FP vers La Caunette, à cinq km de Minerve.

Nous devons y stationner en plein soleil mais heureusement il y a du vent et on organise les courants d'air dans le cc.

On apprécie bien la douche froide ce soir!

 

mercredi 6 juillet

Il fait nettement moins beau. Nous allons nous garer à Mazamet, au Champ de la Ville, bien vaste parking. Après quelques détours fantaisistes, nous trouvons l'O.T. et le musée du Catharisme qui y est installé.

Bruno craque pour un CD de vielle à roue... effectivement, ça ne valait pas plus de 2 euros!

Mazamet au XIIIe siècle se résumait à quelques maisons au pied de la forteresse de Hautpoul (qui n'a rien à voir avec celui de la région de Rennes le Château). Fondé en 463 par les Wisigoths, Hautpoul, fief cathare, fut détruit après le siège de Simon de Montfort en 1212. Le village s'installe dans la vallée en prenant le nom de la rivière, le Mas Arnette.

Jusqu'au début des années 1980, Mazamet était connu dans le monde entier pour son industrie de délainage. Bien que mal reliée aux grands axes routiers et ferroviaires, la petite ville de la Montagne Noire se lança dès le début du XIXe siècle dans le gigantesque commerce de peaux lainées avec l'Afrique du Sud, l'Australie, l'Argentine et de nombreux pays européens. Aux alentours de 1900, une cinquantaine d'usines occupaient près de 10 000 ouvriers à ce travail très dur. Délainer consiste à séparer, par un procédé dit de l'échauffe, la laine du cuir sans abîmer ce dernier.

Après la visite du musée, nous allons suivre l'itinéraire balisé sur le thème du délainage. Les eaux pures de l'Arnette sont idéales pour le lavage de la laine. Les mégisseries traitaient le cuir, ensuite expédié vers l' Espagne, la Belgique, l'Italie, les USA... La laine, une fois cardée, peignée, filée et tissée était exportée surtout vers l'Italie

Nous allons tenter d'organiser nos infos sur la période cathare.

D'abord, voici la France de l'époque (1209), c'est à dire les parties jaunes foncées et ocres... le reste étant possessions anglaises.

Outre les différences de "niveau de vie" entre les seigneurs et les paysans, d'une part et les citadins, d'autre part, il faut tenir compte de celles qui existent entre nord et sud de la Loire.

Au nord, paysans misérables et seigneurs à peine mieux lotis: on meut jeune (50 ans), on vit mal. Le seigneur doit foi et hommage à son suzerain et doit entretenir une armée pour protéger son fief des convoitises des voisins. Chevaliers et seigneurs se font une gloire de ne savoir ni lire, ni écrire. Notables, artisans et commerçants des villes s'émancipent de la tutelle de seigneur.

Tour en bas de l'échelle sociale, les marginaux (ribauds, routiers, mercenaires, et autres déserteurs...) sont souvent recrutés par les seigneurs lorsqu'ils partent en guerre.

L'armée est donc composée de deux fractions qui se méprisent: les riches, à cheval, les pauvres, à pied. Il arrive que les chevaliers écrasent leurs propres "piétons" pour être premiers au pillage ou, au contraire, que la piétaille piège un chevalier isolé pourle dépouiller. Il se peut aussi que ces soudards changent de camp au milieu du combat...

Mais chacun craint Dieu: l'Eglise entretient un obscurantisme savamment dosé et la terreur spirituelle. L'excommunication est son arme absolue!

Au sud, même si la région n'échappe pas aux guerres de voisinage et aux pillages, la vie est nettement plus évoluée: le climat est moins hostile, l'héritage romain est plus vivace.

La proximité de la Méditerranée est une source permanente d'échanges commerciaux et culturels (la paix maritime a été signée avec les pirates et les ecumeurs des mers). Toulouse jouit d'un prestige aussi grand que Venise. La plupart des petits seigneurs ruraux savent lire et écrire, reçoivent des savants arabes... Cet éveil se ressent dans toutes les couches sociales (propagation de la culture par les troubadours). Hommes de goût, hâbleurs et hauts en couleur, ces seigneurs du sud semblent ne rien craindre et être à l'abri de tout. Le comté le plus important est celui de Raymond VI (de Toulouse). Comme il est vassal du roi de France, de l'empereur d'Allemagne (pour ses terres sur la rive gauche du Rhône), du roi d'Aragon et du roi d'Angleterre (pour ses terres à l'ouest), il est sous la protection de tout le monde et ne craint personne.

Autres seigneurs importants: Raymond-Roger Trencavel (Carcassonne), Pierre II (Barcelone et Aragon), les comtes de Foix, de Comminges et de Béarn. Leurs liens de vassalité sont très complexes. Aucun ne règne vraiment sur les grandes villes et ils n'ont pas grande autorité sur leurs vassaux... chacun ayant un grand esprit d'indépendance... ce qui crée un manque d'unité. Dans la région, les ministres du culte catholique romain sont majoritairement dévoyés (boisson, jeux, usure, enrichissement douteux). La population s'en détache.

Le Pape Innocent III y envoie des prédicateurs en 1206, tels que Dominique Guzman soutenu par l'abbé de Citeaux, Arnaud-Amaury. Mais rien ne semble pouvoir endiguer le développement du catharisme. L'impôt est toujours prélevé par les seigneurs mais n'est plus reversé au clergé. Catholiques et Cathares auraient pu continuer à vivre en bonne intelligence si le pape ne s'en était mélé. Un de ses prédicateurs, Pierre de Castelnau, est assassiné le 14 janvier 1208. Aussitôt Arnaud-Amaury désigne le comte Raymons VI de Toulouse comme l'instigateur du crime. Le pape ordonne à la noblesse de France de prendre la croix cont Raymond VI et expose ses terres en proie.

Cette croisade de 1209, sous préteste de guerre sainte, n'est autre qu'une opération de pillage au profit des seigneurs d'Ile de France en mal de combat. Cette offensive meutrière qui évolue en opération de police puis en annexion au profit du roi de France, n'a d'autre mobile que la cupidité.

 

Nous reprenons la route vers le sud et les châteaux de Lastours. L'ascension est assez sportive et les chemins entre les quatre châteaux plutôt accidentés... ce qui ne semble pas dêner une jeune maman en sandalettes légères qui porte son bébé dans le dos dans un tissu noué.

Quatre châteaux érigés au sommet d'un escarpement rocheux entourés de deux rivières torrentueuses.Quatre fortins construits au XIIe siècle pour protéger la plaine de carcassonne des agressions venues du nord.

château Cabaret
château Cabaret
château Quertinheux
château Quertinheux

château Quertinheux
château Quertinheux
le trou de la cité entre Quertigneux et Surdespine... pour aller vers Carcassonne?
le trou de la cité entre Quertigneux et Surdespine... pour aller vers Carcassonne?



 

  Quatre châteaux (Cabaret, Tour Régine, Surdespine et Quertinheux) voisins de quelques dizaines de mètres, chacun piqué sur un sommet. Ils ont été reconstruits de nombreuses fois, mais à l'origine ils étaient la résidence de la famille des seigneurs de Cabaret, un comté puissant du Moyen Age, peu enclins à se soumettre aux volontés du roi de France, et plutôt protecteurs des cathares. Ses châteaux furent attaqués, confisqués, puis récupérés, comme tous les autres, par Simon de Montfort et ses tristes sires.

 

Aujourd'hui, le village compte à peine une cinquantaine de maisons, toutes tournées vers les tours, le long de la rivière, l'Orbieu.



les quatre châteaux de Lastours
les quatre châteaux de Lastours
les restes du village castral
les restes du village castral

Probablement entre le milieu du XIe et la moitié du XIIe siècle, un village s'est développé autour du château primitif de Cabaret. En 1063, il n'était pas situé à l'emplacement de l'édifice qui porte aujourd'hui ce nom.

Au centre du village castral, les fouilles ont révélé un ensemble bâti assimilable au premier château: sur plus de 500m², il s'articulait autour d'un rocher qui devait recevoir un donjon attenant à un petit bâtiment perpendiculaire. Outre ce noyau castral, le site présentait un faubourg étiré sur le versant ouest comprenant huit à neuf terrasses, étagées jusqu'au lit du Grésilhou. Un secondfaubourg installé sur le versant nord se développait jusqu'à la rivière Orbiel. Enfin, une probable extension de l'habitat s'organisait le long de l'ancien chemin de Carcassonne sur la rive droite du Grésilhou traversé par un pont.

Ces lieux ont été abandonnés brutalement sans que les habitants aient pu emporter leurs objets domestiques. L'évennement coïncide avec la reddition de la forteresse en 1229. La destruction volontaire du castrum par l'administration royale doit se situer vers 1240.

Nous quittons Lastours pour Saissac où un FP (élevage de biches et chevaux) nous attend sauf qu'il n'y a que chiens et chats à notre arrivée. La propriétaire revient ensuite avec le chiot accidenté qu'elle a amené chez le vétérinaire. Nous rendons visite aux biches et aux cerfs et passons une nuit sous bonne garde: un des chiens reste allongé près du cc!

château de Saissac
château de Saissac

Construit au Xe siècle, le château de Saissac a connu une histoire très mouvementée, dont les traces se lisent dans les imposants vestiges. Siège d'une cour fastueuse où se rencontrèrent les troubadours les plus importants de Languedoc, il se métamorphosa pendant la croisade contre les albigeois en une véritable forteresse qui abrita les résistants cathares.

Après la vistoire des armées royales, le castrum, le premier village, fut abandonné et reconstruit hors les murailles. Racheté par une riche famille de marchand de pastel, le château se transforma, au XVIe siècle en une agréable et très vaste demeure bourgeoise avant d'héberger, à nouveau, des troupes durant les guerres de religion.

 

 

 

La taille maximum a été atteinte pour ce sujet...

alors suite sur "Châteaux Cathares - Pyrénées du 7 au 13 juillet"!